Une halte sur le chemin de Compostelle

Une halte sur le chemin de Compostelle

Sud Ouest – vendredi 23 juillet 2021 – article de Christine Morice
Crédit photo : Christine Morice, c.morice@sudouest.fr

Le gîte du prieuré de Cayac a retrouvé son public pour une pause sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle
Ils ont fait un passage obligé sous la douche, lavé leurs chaussettes, regardé la carte et prévu un gîte pour le lendemain. Dans la grande salle de l’association des Amis de Saint-Jacques-de-Compostelle, au prieuré de Cayac à Gradignan, l’ambiance est détendue, chaleureuse autour de la table. Comme si chaque soir, après des kilomètres de marche, était un soulagement. Les pèlerins du jour, qui vont passer la nuit sur place, se parlent déjà comme s’ils se connaissaient depuis des années.
Gaëtan, un instituteur breton de 47 ans voyage seul avec sa guitare et offre un mini-récital à l’assemblée. Il est parti de Saint-Jean-d’Angély le 14 juillet. Nous sommes le 20.
Qu’est ce qui l’attire sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle ? Il aime se retrouver « avec deux fois rien » dans son sac, se contenter du minimum et écrire des chansons au cours de cette parenthèse qui comprend de longs moments de solitude.
« Je laisse aux autres les avions, les embouteillages et je n’utilise que mes deux pieds.
Mais surtout, je prends soin de la Maison commune, comme le pape aime à appeler la terre. Je suis chrétien, sans être pratiquant. Je m’arrête de temps à autre dans une chapelle, une église. »

Rencontres et valeurs
« Je suis d’accord, c’est un chemin de culture chrétienne, abonde Elvire Torguet, l’épouse de José Torguet, le président de l’association locale des Amis de Saint-Jacques de-Compostelle qui gère les gîtes de Gradignan et du Barp. On peut démarrer le chemin randonneur et le finir pèlerin, assure-t-elle. Je veux dire que l’on devient pèlerin grâce aux rencontres faites en cours de route, aux valeurs de solidarité, de partage, de communion avec la nature qui président sur le parcours. En fait, le chemin nous transforme car on ressent moins d’agressivité, plus de bienveillance. »
Muriel, une autre bretonne, accompagnée de son mari Frédéric confirme : « On s’allège et nous en sommes changés. » Pourtant, elle n’est pas spécialement versée dans la spiritualité ou la religion.
« Pour nous, le chemin de Compostelle représente un défi physique et mental qui nous apporte de la fierté, ajoute-t-elle. Nous n’avons pas pu le faire l’an dernier à cause de la crise sanitaire et nous étions frustrés. Nous avons reporté à cette année notre parcours entre Saintes et Hendaye, soit 20 à 25 kilomètres par jour durant 21 jours avec le téléphone portable au fond du sac, sur vibreur. L’an prochain nous seront en Espagne, entre Irun et Saint-Jacques-de-Compostelle ! »
Elle aussi évoque des rencontres inoubliables, le dévouement des « hospitaliers », un mot qui désigne les bénévoles animant les gîtes et les particuliers recevant les pèlerins chez eux. « Nous avons été accueillis un soir chez des gens qui nous avaient préparé le dîner et nous ont laissé leur maison, sans nous connaître », se souvient-elle. Tous, autour de la table, acquiescent. Que ce soit Mathias, qui pense mieux en marchant ou encore Louis, tout juste retraité, qui considère cette expérience comme un rite de passage en quittant la vie professionnelle.

En complément de cet article, Gaëtan a le plaisir de vous offrir une de ses compositions :

OSCARGO – Sur les chemins de Saint-Jacques

Vous pouvez le retrouver en images sur sa chaîne YouTube: OscarGo Villeneuve

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