Pèlerins confinés (suite)

FUENTERROBLE (Salamanca). 15 Mai de 2020
Une halte sur le chemin : le confinement d’une dizaine de pèlerins, « pris au piège » dans une auberge.

L’Irlande, l’Espagne, l’Italie, le Honduras et les Pays-Bas composent la liste des lieux d’origine des habitants de l’auberge de Fuenterroble de Salvatierra, une maison paroissiale transformée en refuge de marcheurs. Depuis deux mois, ils forment une grande famille de circonstance qui s’est habituée à vivre sous le même toit.

Chaque matin, les pèlerins se partagent les tâches quotidiennes selon leurs préférences et leurs compétences. Dans la maison paroissiale, devenue refuge des marcheurs, l’activité est constante. Certains travaillent dans la cuisine, d’autres dans la menuiserie ou la maçonnerie. Blas Rodriguez, le prêtre qui dirige l’auberge, développe des projets pour que personne ne s’ennuie.

Tout le monde met la main à la pâte Francisco Javier et María del Pino ont quitté Séville avec l’intention d’arriver à Santiago, mais le COVID-19 les a obligés à modifier leurs plans. Pendant leur séjour à Fuenterroble, Maria dirige la cuisine et Javier répare les plaques photovoltaïques qui alimentent l’auberge en eau chaude et chauffage. Il modifie leur orientation pour optimiser les heures de soleil et conçoit un système mixte « éolien, pour que la maison fonctionne de manière autonome »

Peter Grunder est hollandais. Il parcourait l’Espagne à vélo depuis un mois quand l’état d’urgence sanitaire l’a obligé à s’arrêter à l’auberge, en direction du Maroc. Bien qu’il voyage léger, il transporte toujours ses ustensiles de peinture. Il vend ses tableaux sur le site web nobleartofciclying.com et fait don de 25% des ventes à deux ONG.

Dans cette maison, il a trouvé tout ce dont il a besoin pour poursuivre son activité : « Dans cette auberge, nous avons une vue magnifique, un grand jardin, des gens à qui parler, il y a la wifi, la douche, un lit… il ne manque rien ». Pendant son séjour à Fuenterroble, il s’est spécialisé dans la décoration de façades en bois pour orner des chariots de trait ou charrettes. Il s’agit de l’un des projets de plus longue haleine lancés par Blas

Rodriguez, le curé du village. Chaque année, il organise un pèlerinage avec ces véhicules. Ceux qui sont allés le plus loinsont arrivés à Rome ou en Norvège.

Des espaces indépendants garantissent la vie privée et la sécurité C’est précisément dans ces destinations que le prêtre a eu l’idée d’agrandir les locaux de l’auberge. La « maison de Norvège » arbore une végétation luxuriante sur le toit. L’italienne, inspirée des villas romaines, est en projet. Dans la cour de l’auberge, nous trouvons la structure de la Maison de Hongrie, une réplique grandeur nature d’un char tzigane que les pèlerins sont en train de compléter.

Le travail, physique et mental, contribue à réduire la tension, mais la cohabitation va au-delà de l’absence de conflits. L’auberge dispose également d’une salle de méditation, où les hébergés se réunissent, discutent, échangent des expériences et organisent leur quotidien.

Ils font connaissance et tissent des liens avec des gens qui, par les caprices du destin, partageront leur chemin pendant un certain temps.

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